06 juin 2012 à la conférence de l'UEMOA au Togo
Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA appelle les dirigeants africains à réduire la « triple dépendance » envers l'aide extérieure
M. Sidibé s'est exprimé devant un groupe de huit chefs d'États d'Afrique de l'Ouest et d'autres représentants de haut niveau lors de l'ouverture de la conférence de l'UEMOA ce jour à Lomé, au Togo.
Dans un discours prononcé ce jour à l'occasion de l'ouverture de la 16e Conférence de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a félicité les dirigeants de cette région pour leur engagement personnel dans la riposte au VIH, notamment en ce qui concerne la défense des droits de l'homme et la protection du capital humain. S'adressant à huit chefs d'État et à d'autres représentants de haut niveau à Lomé, au Togo, il a appelé les dirigeants africains à réduire leur « triple dépendance » envers les sources extérieures pour les médicaments anti-VIH, les moyens de contraception et les technologies.
M. Sidibé a fait remarquer qu'environ 630 000 personnes vivant avec le VIH en Afrique de l'Ouest recevaient actuellement un traitement antirétroviral, ce qui représente une couverture de près de 30 %. La grande majorité des médicaments contre le VIH distribués en Afrique sont importés, a-t-il ajouté.
Afin d'assurer la santé et la sécurité de leurs populations, les dirigeants africains doivent accorder davantage d'attention et de ressources à la production locale des médicaments, a indiqué le Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « À l'avenir, la puissance régionale et mondiale et la stabilité nationale ne seront plus déterminées par ceux qui contrôlent les armes, mais par ceux qui contrôlent l'accès aux médicaments », a-t-il affirmé.
Le développement et la production de médicaments devrait devenir un secteur de croissance majeur au XXIe siècle. Selon l'IMS (Institute for Healthcare Informatics), le marché mondial des produits pharmaceutiques est en passe d'atteindre plus d'un billion de dollars de ventes d'ici 2015. Les pays africains représentent 25 % de la charge sanitaire mondiale, alors qu'ils ne contrôlent que 10 milliards de dollars, soit 1 %, du marché mondial des médicaments.
« Il s'agit d'un secteur voué à la croissance, qui peut servir à générer de l'innovation en Afrique, renforcer les systèmes, sauver des vies et faire avancer la sécurité », a expliqué M. Sidibé.
Dans son discours, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a évoqué quatre propositions pour booster la part de marché de l'Afrique de l'Ouest sur les médicaments anti-VIH et les autres produits pharmaceutiques : mettre en place et lancer une production pharmaceutique locale afin de réduire la dépendance envers les médicaments importés ; lever les barrières commerciales afin de permettre l'émergence de plates-formes de production pharmaceutique capables de servir le marché régional ; renforcer les autorités nationales de régulation des médicaments et harmoniser davantage les politiques de réglementation dans la région ; enfin, faire avancer la recherche et le développement pour construire une économie basée sur les connaissances en Afrique.
Soulignant qu'aucun pays, ministre ou dirigeant ne pourrait soumettre de telles propositions à lui seul, M. Sidibé a appelé à la constitution d'un partenariat national et régional entre toute une série de secteurs, notamment le commerce, le développement industriel et la santé.
Plus tard dans la journée, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a participé à une réunion séparée avec les chefs d'État africains qui assistent à la conférence. Faisant écho aux observations de M. Sidibé, ces chefs d'État ont à nouveau insisté sur la nécessité de trouver des mécanismes de financement innovants pour la riposte au VIH en Afrique.