Abidjan a connu en un demi-siècle, une croissance et un développement impressionnants qui se confondent avec l’histoire de l’expansion de la Côte d'Ivoire.
L’histoire, rapportée par certains traditionnels ébrié révèle que le nom d'Abidjan, “Abijean” serait né d'un quiproquo. Un vieil homme revenant de son champ, les bras chargés de branchages fut une rencontre fortuite avec un explorateur européen en perdition qui lui demanda le nom du village le plus proche. Le vieil homme ne parlant pas la langue de l’homme blanc crut comprendre que celui-ci demandait ce qu’il faisait en ces lieux. Terrorisé par cette rencontre inattendue, il s’enfuit en criant : « min tchan m’bidjan », ce qui signifie en langue ébrié : « je reviens de couper des feuilles ». L’homme blanc crut avoir eu la réponse à sa question et consigna consciencieusement sur son bloc-notes Abidjan.
Abidjan est à l’origine un petit village de pêcheurs où vit le peuple Atchan. Sa construction, au début du 20ième siècle, pendant la colonisation française provoqua le “déguerpissement” de ce peuple de pêcheur. Cet emplacement situé sur le bord de la lagune n'doupé (« la lagune à l'eau chaude », future « lagune ébrié »), offrait plus d'espace et de plus grandes possibilités d'expansion commerciale. À partir de 1904, Abidjan devient le principal pôle économique de la colonie de Côte d'Ivoire et un relais privilégié pour la diffusion des produits européens vers l'arrière-pays, notamment grâce à une communauté libanaise de plus en plus importante.
La ville est aménagée selon le schéma habituel aux villes coloniales sur la base d'un plan d'urbanisme plutôt utopiste. Le Plateau («m'brato» en langue Atchan) est habité par les colons. Au nord, on retrouve la ville habitée par les colonisés. Les deux zones sont séparées par la caserne militaire Gallieni, à la place de l'actuel palais de justice.
Après l’indépendance, en 1960, l’ancienne ville des colons devient le centre administratif et des affaires, siège de la présidence. L'axe au sud de Treichville, en direction de l'aéroport international et des plages, devient le quartier des européens et de la classe moyenne abidjanaise. Le quartier de Cocody, qui, dans le schéma urbanistique colonial devait être un vaste quartier indigène, devient un quartier chic où se trouvent notamment la résidence présidentielle, la résidence de l'ambassadeur de France, l'hôtel Ivoire qui, pendant très longtemps, sera le seul d'Afrique à disposer d'une patinoire. De vastes zones populaires se sont développées entre ces pôles, prolongées par des zones d'habitats précaires et de misère nourries par l'exode rural et l'immigration sous-régionale.
L'origine du mot "Abidjan" remonte certainement au nom du peuple qui habitait la ville et qui se nommaient : les Bidjans. Ils descendent de l'ethnie des Ebriés ou Tchamans qui étaient parmi les premiers à habiter les lieux. Le "A" de "Abidjan", signifie l'appartenance à la ville : "de Bidjan" = "Abidjan".
La ville d’Abidjan présente de nombreux attraits qui vont de sa proximité avec la lagune, sa façade maritime à ses “gratte-ciel” du Plateau, sa cathédrale Saint-Paul, ses hôtels de grand standing, ses centres commerciaux, sa baie des milliardaires, ses villas luxueuses… Mais, à l’instar de tous ses beaux atouts, “la perle des lagunes” est un hub socioculturel Ouest-Africain, où l'on y trouve également de la cuisine issue des pays voisins (Bénin, Sénégal, Mali, Nigeria, Ghana...) et des pays du Moyen-Orient (Liban notamment). Côté cuisine internationale, Abidjan compte bon nombre de caves et de restaurants occidentaux et asiatiques dont les meilleurs se situent pour la plupart en Zone 4 dans la commune de Marcory.
La ville a connu très rapidement un développement fulgurant en raison de ses nombreux atouts économiques, démographiques touristiques et culturels. Au plan économique, Abidjan a un port, dispose d’une voie ferrée et d’un aéroport international.
Le poids économique de la ville d’Abidjan est largement dominant sur les autres villes de Côte d'Ivoire. Le district d’Abidjan représente à lui seul 40 % du PIB de la Côte d'Ivoire soit 9,50 milliards de dollars, soit plus que le PIB du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée ou du Bénin (www.jeuneafrique.com). En comparaison aux autres villes de Côte d’Ivoire, c'est dix fois plus que la ville de San-pédro. L'économie abidjanaise, de par le poids de son industrie et de ses services, rayonne sur toute la Côte d'Ivoire et au-delà de ses frontières.
La Côte d'Ivoire possède le réseau d’entreprises le plus important de la sous-région. La ville d'Abidjan compte environ sept zones industrielles. De par sa position de locomotive et de principale porte d'entrée de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), la Côte d'Ivoire constitue un pôle d'attraction et de pénétration du marché sous-régional de plus de 70 millions de consommateurs. En tant que membre-clé de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), elle permet également de toucher un marché plus large d'environ 300 millions de consommateurs. De ce fait, plusieurs entreprises intervenant dans divers domaines y sont implantées.
Au niveau des administrations, qu'elles soient publiques ou diplomatiques, elles ont une représentation à Abidjan. Tous les ministères qui composent le gouvernement ivoirien y ont tous leur siège. De plus, plusieurs pays y ont leurs représentations diplomatiques. De nombreuses institutions internationales financières et de développement ont choisi la Côte d'Ivoire pour abriter leurs sièges ou leurs représentations régionales. Il s'agit, entre autres, de la Banque Africaine de Développement (BAD), la Société Financière Internationale (SFI), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Conseil de l'Entente, la Commission bancaire de l'UEMOA, la Bourse Régionale des Valeurs mobilières, etc.
Abidjan est une ville insolite en Afrique. C’est une ville à très forte potentialité touristique. Avec ses installations et ses équipements hôteliers modernes et ses voies de communications ainsi que sa monumentalité, c’est une ville très fréquentée pour le tourisme d’affaires.
En ce qui concerne le tourisme de loisir, Abidjan n'est pas en reste notamment avec ses plages aux palmiers et cocotiers, sur la bande lagunaire du quartier de Vridi, très fréquentées le week-end. Aux portes de la ville, sur la commune d'Attécoubé, a été conservée comme vestige la forêt primaire qui entourait autrefois toute la lagune. Abidjan dispose d'une vie nocturne conséquente avec des lieux de détente comme les Milles Maquis et la Zone 4 à Marcory, Les II-Plateaux et Angré à Cocody et Yopougon; sans oublier des maquis et bars, ainsi que de nombreux espaces ouverts dans tous les recoins de la ville.
Abidjan est une plateforme culturelle de haut point dû en grande partie à son caractère cosmopolite. Plaque tournante de la musique en Afrique de l'Ouest et producteur majeur d'Art musical en Afrique, la ville accueille la majorité des musiciens de Côte d'Ivoire en raison principalement de la présence de nombreuses discothèques qui donnent aux artistes l'occasion de débuter et de s'exprimer, des maisons de disques et des médias nationaux. Plusieurs édifices religieux font le charme de cette ville. La mosquée de Treichville, la mosquée de Cocody, la mosquée du Plateau et la cathédrale Saint-Paul d'Abidjan, créée par l'architecte Aldo Spirito et inaugurée par le pape Jean-Paul II en 1985, et le Sanctuaire Marial d'Abidjan constituent les principaux édifices religieux de la ville. Les monuments et musées sont également à dénombrer :
Globalement, la vie nocturne abidjanaise est perçue comme étant l'une des plus animées de toute l'Afrique. Le district regorge d'une quantité très importante de night-clubs, de maquis, d'espaces plein-air et de bars. Ces plateformes de divertissement fournissent un « pipeline » musical englobant principalement la musique DJ, le coupé-decalé, le zouglou et dans une moindre mesure d'autres variétés locales et internationales.
Jadis commune la plus animée de la ville, Treichville, avec ses multiples maquis, discothèques et ses clubs de jazz, a vu d'autres communes telles que Yopougon, Marcory et Cocody rejoindre la tendance depuis la fin des années 1990.
10 communes composent Abidjan, réparties sur deux espaces reliés par trois ponts : la partie nord ou Abidjan-Nord comprend les communes du Plateau, Adjamé, Attécoubé, Cocody, Yopougon, Abobo et la partie sud, avec les communes de Treichville, Marcory, Koumassi, Port-Bouët.
Abobo, autrefois petit village ébrié, est devenu aujourd’hui une vaste commune d’Abidjan. C’est également la commune la plus pauvre d’Abidjan. C’est une cité dortoir populaire, peu structurée et évoluant autour d’une gare routière d’où son nom Abobo-gare. Elle attire principalement les populations ivoiriennes pauvres, issues de l’exode rural et les ressortissants de la sous-région en quête d’un mieux-être.
Adjamé : 1210 ha ; 254 290 hab. la nuit ; 2 300 000 hab. le jour, Adjamé est le plus grand centre commercial populaire et l’un des pôles économiques de la ville. Par sa vocation commerciale, elle a attiré libanais, mauritaniens, commerçants ivoiriens et africains de l’ouest. Elle comprend 9 marchés dont le plus grand, le Forum des marchés a été reconstruit dans une version modernisée, à deux niveaux.
Yopougon, capitale des loisirs et du plaisir est de création récente. Yopougon la joie, yop city, poy, poy city ne laisse personne indifférent parce qu’elle est célèbre. Célèbre pour ses nombreux points de loisirs mais surtout pour sa « rue Princesse », du bruit à gogo, de la musique à fond la caisse, de l’animation, de l’alcool, des mets appréciés des ivoiriens, notamment alloco, attiéké, poulet et poisson braisés sont généreusement servis.
Malgré toutes les passions qu’elle soulève, elle draine chaque semaine des centaines de millions de francs qui constituent pour le pays des recettes supplémentaires. La musique, la boisson et le sexe sont au cœur des échanges commerciaux.
Le plateau, le centre des affaires et le quartier administratif et même politique malgré le transfert de la capitale à Yamoussoukro. Ses grands immeubles, qui ne sont certes pas les gratte-ciels new-yorkais, mais qui ont fait la fierté du pays et de la sous-région dans les années 1970, ses rues bitumées, toutes dénommées, lui donne l’allure des grands centres urbains modernes. On y trouve les sièges des principales entreprises, des institutions nationales et internationales, des institutions financières etc.
Cocody : quartier huppé d’Abidjan, commune paisible où habitent les hauts cadres du pays. Il est à la fois la commune résidentielle et intellectuelle d’Abidjan : on y trouve des quartiers luxueux aux somptueuses demeures comme les Deux-Plateaux, la Riviera, le quartier des Ambassades où résident la plupart des membres du corps diplomatique accrédité en Côte d’Ivoire, les membres des institutions de la République dont le Président de la République, les personnels des institutions internationales, les principales universités du pays, les grandes écoles ainsi que les principaux lycées, des hôtels de renom, salles de spectacle, de cérémonies, des espaces de loisirs et de sports, de nombreux supermarchés bien achalandés rendent la vie agréable aux populations.
Marcory est essentiellement résidentielle. Le boulevard Giscard d’Estaing, la plus large avenue d’Abidjan, la sépare en deux : la zone plus populaire malgré l’existence d’îlots résidentiels, est située dans la partie ouest de la commune. La partie huppée, où résident la plupart des occidentaux, se trouve à l’est, dans les quartiers de Bietry et de Zone 4 avec des noms de rue évocateurs : rue Pierre et Marie Curie, rue Paul Langevin est surtout connu pour ses restaurants gastronomiques, français, italiens, libanais et ivoiriens qui réunissent régulièrement les hommes d’affaires et l’élite de la classe politique ivoirienne ; on y trouve également des marinas lagunaires avec de nombreux bateaux de plaisance et de pêche sportive.
Port-Bouët : situé sur le littoral lagunaire est un grand pôle industriel où s’installent entrepôts, commerces et usines notamment, dans le quartier de Vridi. C’est la porte d’entrée d’Abidjan. Il abrite l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny et la base militaire française. Vridi offre également des plages de sables blancs et fins souvent bordées de cocotiers où l’on trouve restaurants et « maquis » qui attirent de nombreux Abidjanais.
Treichville, 120 526 habitants, 722 ha, fait face au Plateau. C’est le quartier colonial des cadres africains. Treichville est entièrement quadrillé en rues et avenues numérotées de 1 à 25, de sorte que chaque treichvillois peut se targuer d’avoir une adresse précise. Treichville est certainement la commune la plus célèbre d’Abidjan. Elle fut pendant longtemps le quartier le plus animé d’Abidjan (commerce, restaurants, « maquis », bars, night-clubs).
Abidjan depuis près de deux décennies est résolument entré dans l’air du numérique. Grâce au développement rapide des technologies de l’information, l’internet a pénétré les habitudes des ivoiriens. Dans l'organisation du « village mondial », Abidjan dispose d'un nœud internet et le nombre de cyber-cafés y connait une croissance exponentielle comme le nombre d'internautes estimé (en 2007) à 400 000 personnes (voir article Les télécommunications en Côte d’Ivoire). Internet est un outil essentiel dans tous les secteurs d’activité. Il a même engendré des activités lucratives (transfert d’argent, cybercafé, cabine cellulaire, etc.)
Abidjan semble définitivement tourné vers l’émergence. Mais loin de ce tableau idyllique, beaucoup de choses restent à faire pour l’amélioration des conditions de vie de ses habitants et pour son entrée au concert des mégalopoles les plus attrayantes du monde. Pour ce faire, les autorités de la ville entendent construire un parc d’exposition, à l’image de celui qui existe à Paris. Pour piloter le développement de la ville, l’état compte mettre sur pied une agence d’urbanisation et de prospection. Parallèlement, intensifier les travaux de mise à niveau et de renforcement du réseau électrique, de l’adduction en eau potable et d’assainissement.
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